Messagepar seb » Sam Mai 12, 2012 9:13 pm
tenez un peu de lecture de mon ami michel lag :
il confirme que le vernis et les qualités vibratoires c'est surtout pour les acoustiques :
Le process LÂG de vernis et de traitement de surface…
Nombreux d’entre vous me posent souvent des questions sur les vernis utilisés sur les guitares LÂG, voici donc un concentré d’informations sur ce sujet.
Je séparerai les électriques des acoustiques sur certains points car leur process diffère sensiblement. Vous pouvez vous référer à plusieurs reportages sur nos ateliers qui sont présents sur La Boite Noire du Musicien afin de « visualiser » mes explications si besoin.
Le vernissage et le traitement des surfaces d’une LÂG comporte de nombreuses phases distinctes, majeures, indissociables, qui s’enchaînent chimiquement, mécaniquement et méthodiquement :
1. Le « bouche pore ». Ce produit est une pâte garnissante, appliquée à la main, au chiffon ou à la brosse, qui a pour objectif de boucher les centaines de pores du bois en surface, et ceci pour 2 rasions, la première étant de permettre un meilleur remplissage et l’économie de plusieurs couches de fond dur (voir + loin) mais aussi, grâce à une teinte incorporée dans cette pâte, de colorer ainsi le pore du bois de façon marquée, favorisant ainsi le contraste et le visuel du « grain » de certains bois très poreux, comme l’Acajou par exemple.
2. Après le « bouche pore », qui va être essuyé et séché, nous appliquons au pistolet en cabine de vernissage, un « isolant », vernis polyuréthane très fluide qui va bien pénétrer dans le bois mais constituer également en surface une très fine pellicule permettant « l’accroche » et « l’adhérence » du fond dur sur les bois tanniques et gras tel l’Acajou, le Palissandre, l’Ébène et bien d’autres.
3. Ensuite démarre la projection du fond dur lui-même, toujours en cabine de vernissage climatisée et parfaitement ventilée, il s’agit d’un produit plus épais d’origine polyacrylique sur les électriques mais obligatoirement polyuréthane sur les acoustiques (pour respecter une épaisseur globale plus fine due à la résonance plus délicate) ceci en plusieurs couches, fines et régulières, qui vont être égrainées (poncées en surface) afin d’obtenir une surface de référence, lisse, plane et parfaite, afin de recevoir les opérations suivantes. Ces couches de fond dur vont être rapidement étuvées à 40° puis séchées naturellement afin de stabiliser parfaitement cette importante pour le résultat final. Cette opération intermédiaire de ponçage est capitale car elle détermine la planéité et la régularité de surface finale.
4. Là, démarre l’opération majeure de mise en couleur soit par des laques opaques, comme le noir, le blanc etc… soit par des teintes naturelles ou complexes toujours translucides incorporées dans du vernis telles nos fameux Old Port, Amber, Brown, Black Shadow, Deep Purple, Bleu de Nîmes etc… Ces opérations se font au pistolet, manuellement bien sûr, toujours dans la cabine tempérée et hors poussières, par notre Maître Vernisseur. Par contre, lorsqu’il s’agit d’un corps de guitare avec une table en Flamed ou Quilt Maple, une 1ère « mise en teinte » du bois est réalisée tout au début du process, au chiffon, avant le bouche pore et l’isolant, et est patinée à la main afin de mieux faire ressortir les veines naturelles de ces bois d’exception.
5. Enfin nous appliquons le vernis de finition, polyuréthane brillant ou satiné, en plusieurs couches très fines afin de préserver un état de surface le plus propre et régulier possible avant ponçage et polissage. Le process des vernis satinés s’arrête ici puisque, une fois appliqués, il ne peuvent ni être repris par ponçage ni par polissage, ici la perfection du geste du vernisseur, la propreté et la tension parfaite de la dernière touche est indispensable pour un résultat optimal.
6. Pour les vernis brillants, après 2 semaines de séchage naturel afin que le vernis soit bien sec « à cœur », les très délicates opérations de ponçage et de polissage commencent… Le ponçage est effectué à la main, avec des cales à poncer adaptées aux différentes courbes et formes complexes de la guitare, avec du papier abrasif aux grains très fins et progressifs (du « 320 jusqu’au 1500 ou 2000… !) et avec l’aide de petites ponceuses orbitales et vibrantes pour les quelques surfaces planes de la guitare. Cette opération à pour but d’éliminer « la peau d’orange » résultat naturel de l’application au pistolet qui doit disparaître pour avoir une surface parfaitement lisse. Ensuite viennent le polissage et le lustrage. Le polissage consiste à redonner un brillant définitif et flamboyant au vernis rendu mat par le ponçage. Cette étape, extrêmement délicate et périlleuse, consiste donc à faire briller le vernis à l’aide de roues de flanelles montées sur des tourets à polir, et dont la vitesse parfaitement calculée, la chaleur due au frottement et à diverses pâtes à polir adaptées et dégressive en abrasion, vont permettre au polisseur expérimenté d’achever son œuvre. Enfin presque, puisque qu’une dernière opération de « lustrage » va être nécessaire afin de dégraisser l’action de la pâte à polir et de donner enfin l’éclat final au vernis brillant. C’est là et seulement là que le bois ou les couleurs vont pouvoir exprimer toute leur beauté, tous leurs contrastes, toutes leurs nuances, enfin dévoilées entièrement sous les reflets parfaits des éclairages ou de la lumière naturelle. Il est évident que de nombreux contrôles sont effectués lors de toute la durée du process, et à chaque étape importante de transition, afin d’obtenir un résultat sans faille.
Ce long processus est fragile à chaque moment, les changements de température et d’hygrométrie ne lui sont pas favorables, un geste maladroit peut amener une catastrophe ou un défaut, il faut donc être vigilant à chaque geste et à tout instant… La finesse des couches est également capitale pour la beauté du résultat mais surtout pour le respect des paramètres acoustiques et vibratoires des instruments, surtout les guitares acoustiques en raison de la faible épaisseur des matériaux. En effet, il suffit de quelques dixièmes de millimètres de vernis en trop pour « tuer » une table d’harmonie, pour « étouffer » la beauté d’un érable ou pour rendre « laiteux » un beau vernis brillant. Pour cela il faut du temps de séchage et de stabilisation, de la rigueur, dans la finesse et la régularité dans les couches, et une extrême et permanente attention.
Quand vous regarderez votre guitare, pensez à tout ceci, réalisez pleinement les nombreuses heures que nécessite le résultat que vous admirez, le respect qui est dû à cette somme de travail délicat et précis, la passion, l’expérience et la pertinence des personnes qui ont réalisé cet ouvrage d’Art qu’est une guitare... !
L’entretien de votre guitare devra en découler naturellement : n’utilisez aucun produit chimique de nettoyage ménager ou industriel sur les vernis mat et satinés, vous les feriez « briller » instantanément. Un chiffon légèrement humidifié suffira si vous nettoyer le manche ou le corps satinés de votre guitare après chaque utilisation –ce qui est recommandé- ou du moins très régulièrement… Pensez que l’acidité de la sueur est aussi préjudiciable au vernis qu’aux pièces mécaniques de votre guitare (chevalet, cordier, frettes etc…) qui doivent faire l’objet d’un nettoyage soigneux pour éviter la corrosion.
Concernant les vernis brillants, le nettoyage et le brillantage sont beaucoup plus faciles, de nombreux produits de type « polish » existent dans le commerce et font très bien l’affaire. Ils sont à appliquer malgré tout avec attention et délicatesse, et toujours avec des chiffons doux ou des cotons adaptés pour ne pas rayer le vernis. Pour les touches non vernies, en Palissandre ou en Ébène, il est important également de les nettoyer régulièrement (lors du changement des cordes) avec des huiles siccatives adaptées, en vente dans les magasins de musique, cette action nettoie mais nourrit également le bois, ce qui est indispensable pour garder une touche soyeuse, rapide et confortable sous les doigts.
Sur les guitares acoustiques, la finesse du vernis, indispensable si l’on veut une guitare qui respire et qui va évoluer positivement avec le temps, va laisser apparaître en surface au bout de quelques semaines la marque en creux des pores du bois (Acajou, Palissandre…) ou les veines en ligne de l’Épicéa ou du Red Cedar. Ceci est normal et même souhaitable, ça veut tout simplement dire que votre guitare vit sa vie, que l’ensemble des éléments rentre en symbiose, que de longues et fines stabilisations s’opèrent et que votre guitare va évoluer avec vous pour ne nombreuses années…
Respectez la, prenez en soin, elle vous le rendra mille fois… !
A suivre…
Michel Lâg
- Dis papa, c'est encore loin le high gain ?
- Tais toi et crunch !!!!!